Collège de Courgeon

Vue d’ensemble du collège en 1984

 

 

 

   Grâce à une série très complète de documents inédits qui ne demanderaient qu’une mise au point, il y aurait une curieuse étude à faire sur le Collège de Courgeon, car la petite bourgade possédait autrefois son collège, comme plusieurs autres localités du Perche, telle que Mortagne, Bellesme, Longny, le Pin-la-Garenne, Saint-Hilaire-de-Souazay, etc. La révolution a détruit ces petits collèges qui ne demandaient rien à l’Etat. De même que le 6 thermidor, an III, (24 juillet 1795), elle faisait vendre en majeure partie les biens des hôpitaux de Mortagne, de Bellesme et de Longny, elle mettait à l’encan les terres dont leurs fondateurs avaient dôté les collèges percherons ainsi que l’école de Tourouvre. A l’heure actuelle, rien d’analogue n’a pu encore être établi pour remplacer ces établissements d’enseignement secondaire, qui répandaient dans le pays une culture intellectuelle réprouvée sans doute par le niveau plus démocratique d’une égalitaire ignorance. Ils sont chargés de dispenser un enseignement religieux, mais aussi littéraire et de l’arithmétique aux enfants des familles aristocratiques et moyennement aisées de la région.

 

    Le collège de Courgeon fut fondé, en 1607 sous HENRI IV, par Pierre GUILLOU, curé du lieu (mort en 1608), pourvu de la cure de Courgeon, le 28 juillet 1571 sous CHARLES IX, par suite de la démission d’Etienne LE COURT, en vertu d’un testament reçu, les 6, 15, 22 juin, 23 juillet, 18 août, 3 octobre et 30 novembre 1607, et écrit de la main de l’historien percheron, Léonard Bart des Boulais, pour lors notaire royal au siège de Mortagne. Il lui donnait en même temps un règlement et après sa mort en 1608, confiait au prieur du Val-Dieu le soin de désigner le prêtre chargé de son administration.

 

    Ce collège devait avoir un principal et un nombre de régents fixés par celui-ci. Ce principal devait être prêtre autant que possible, à la nomination du fondateur pendant sa vie, eu du prieur du Val-Dieu après sa mort.

 

    Tout modeste qu’il était, ce collège connut cependant des jours prospères sous les rectorats de plusieurs ecclésiastiques de mérite, Noël Clouet 1646, Pierre Laigneau 1675, Léonard Godé, Jacques Lancelin 1721, Louis Lancelin 1741, Julien Tison 1751, depuis curé de Feings, Pierre Saint-Lambert (ou Lampérière) 1757-1758 , devenu curé de Villiers, Pierre Vallée, 1757-1786 ;

 

    L’avant dernier principal, Louis-Victor Roussel 1786-1791, (en échange de leur nimination, le collège « payait six livres de rente foncière » aux Chartreux du Val-Dieu) défendit énergiquement les intérêts et l’existence de sa maison contre les décrets spoliateurs de l’Assemblée Nationale (sixième registre du Directoire du district de Mortagne). Ayant refusé le serment à la constitution schismatique du clergé, ce prêtre intrépide vit séquestrer son patrimoine, et prit le chemin de l’exil. François Savary, fondé de pouvoir du trésor et de la charité, celui-là même qui avait célébré la messe du Saint-Esprit, à l’église Saint-Sauveur, lors de la réunion des Etats-Généraux du Perche, à Bellesme, en 1789, après la persécution, devint au concordat curé de Courgeon. L’administration du temps le remplaça, comme régent par un ecclésiastique de conscience plus souple, Léon-Cyr Petit, sous-diacre, originaire de la Chapelle-Montligeon. Ce clergé assermenté n’avait point l’estime et la confiance des populations, aussi les élèves ne vinrent point ; le nouveau principal eût peut-être volontiers professé dans le désert, mais comme les revenus du collège venaient d’être déclarés biens nationaux, il se plaignit d’être réduit à une portion trop congrue (revenu du collège au mois de mars 1793 était de 760 livres). Le remède lui parut fort simple à trouver le 21 mars 1793, il s’engagea dans l’armée du Nord où bientôt il obtenait les galons de caporal. Le pauvre collège survécut peu à cet honneur inattendu : la suppression en était décrétée le 8 juillet 1793. Le local où il était installé existe toujours près de l’église ; il appelle l’attention des voyageurs par ses murailles sévères, une haute tourelle du XVe siècle portant un cadran avec armoiries, son portail solennel ; tout un ensemble parfaitement harmonisé avec sa destination primitive.

 

C’est en 1607, que le curé Pierre Guillou légua sa métairie du Bois-Rouelle, à charge de six livres de rente foncière envers la Chartreuse du Val-Dieu et ses terres de Ronnelle pour l’entretien d’un collège. Le Principal, nommé par les religieux du Val-Dieu, dirigeait cette école où des générations de jeunes percherons vinrent apprendre leur rudiment de connaissances. Le corps de logis du collège s’élève toujours en bordure de la petite route de Saint-Mard. La tourelle, curieusement coiffée, porte encore le cadran solaire qui réglait la journée des potaches ;

 

Le testament de Noël Durand (neveu de Toussaint Durand, responsable de l’édification de la tour de l’église) mentionne les différents travaux de réfections entrepris sur le collège au 17e siècle (entre 1638-1690). Ont ainsi été rebâtis ou reconstruits, les granges, les étables, les écuries et le sellier du bout, le bûcher et le fagotier, une laiterie voûtée avec des cabinets au-dessus. Noël Durand a également fait rehausser la tour et la montée d’escaliers jusqu’aux greniers avec un colombier au dessus. Il a fait rebâtir un fournil avec le four au bout, une étude à côté et deux chambres dessus. Une dépendance voûtée derrière le logis a été pavée et toutes les chambres ont été blanchies. Il a également fait clore la cour à cette époque.

 

Les deux dépendances non présentes sur le cadastre de 1830, semblent avoir été bâties dans la seconde moitié du 19e siècle. Le logis est le bâtiment le plus ancien de cet ensemble, le pignon découvert et la corniche en quart de rond permettent vraisemblablement d’attester sa construction dès le 17e siècle. Une nouvelle construction a été édifiée sur la parcelle 39 correspondant à celle du collège en 1843, convertie en bâtiment rural en 1879. De même une maison/boutique a été construite en 1843 (parcelle 31) et convertie également en bâtiment rural en 1879. Est signalée, une autre construction parcelle 33 d’une maison/boutique en 1862 face à cet ensemble.

 

 

 

 

 

A droite de l’entrée, l’écu d’Alençon et Perche < de France à la bordure de gueules chargée de huit besants d’argent > a été martelé par les Révolutionnaires qui fermèrent en juillet 1793 (Cahiers percherons n° 3).